Les complications chroniques
L’excès de sucre dans le sang va endommager à la longue les vaisseaux situés dans les reins (néphropathie), les yeux (rétinopathie), les nerfs (neuropathie)… (1,2)
Néphropathie diabétique
Le rein a vocation à filtrer le sang : il permet de conserver les produits dont l’organisme a besoin et d’éliminer les déchets dans les urines. L’excès de sucre dans le sang abîme à la longue les parois des petits vaisseaux des reins. Ce phénomène est appelé « néphropathie diabétique ». Le rein risque alors de fonctionner moins bien. Concrètement, certains déchets (comme la créatinine) vont s’accumuler dans le sang et certaines substances utiles à l’organisme (comme l’albumine) vont être éliminées. Avec le temps, les reins fonctionnent de moins en moins bien et la néphropathie diabétique évolue alors vers une insuffisance rénale chronique. (1,2)
Rétinopathie
La rétine est une fine membrane qui recouvre la partie arrière de l’œil : elle est essentielle à la vue. En cas de diabète, l’excès de sucre dans le sang endommage petit à petit les vaisseaux qui irriguent la rétine. Ceux-ci vont se rompre et ne pourront plus la nourrir correctement. Au début il n’y a aucun symptôme, puis la vue commence à se brouiller : une impression de voile apparaît, des douleurs peuvent également être ressenties. Dans les cas les plus graves, la rétinopathie diabétique peut entraîner une cécité. (3,4) La rétinopathie diabétique concerne 50% des diabétiques de type 2 et elle est la première forme de cécité avant 65 ans. (3)
La meilleure prévention de la rétinopathie diabétique reste un bon contrôle glycémique, le suivi régulier chez le médecin et le traitement d’une éventuelle hypertension artérielle car l’hypertension favorise la survenue d’une rétinopathie diabétique. (3)
Neuropathies
L’excès de sucre dans le sang est nocif pour les nerfs : il les endommage ou perturbe leur fonctionnement, on appelle cela la « neuropathie diabétique » (5,6). On distingue plusieurs types de neuropathies :
- Polyneuropathie diabétique (ou polynévrite) : elle concerne le plus souvent les nerfs des membres inférieurs. C’est un trouble qui évolue sur plusieurs mois voire plusieurs années et qui débute par les pieds pour remonter le long des jambes. Cela peut être douloureux et handicapant, ressentir des fourmillements, des engourdissements ou une faiblesse dans les muscles. La polynévrite peut diminuer la sensibilité au niveau de la peau des membres inférieurs, ce qui peut favoriser l’apparition de plaies, notamment au niveau des pieds (« pied diabétique »). (5)
- Mononeuropathie diabétique : dans la mononeuropathie, un seul nerf est atteint. Les symptômes apparaissent plutôt brutalement : douleurs, faiblesse, difficultés pour se déplacer… (5)
- Neuropathie diabétique autonome : elle désigne une atteinte des nerfs qui contrôlent les fonctions autonomes de l’organisme (respiration, circulation, digestion…). (5)
En présence de symptômes évoquant une neuropathie, il est essentiel de consulter le médecin car plus la neuropathie est diagnostiquée tôt, plus le traitement sera efficace. (5)
Complications cardiovasculaires
Les personnes diabétiques ont deux à quatre fois plus de risques de développer une maladie cardiovasculaire. (7) En effet, le diabète fait vieillir plus rapidement le cœur et les vaisseaux sanguins car il favorise le développement de l’athérosclérose, qui correspond à un durcissement et à un rétrécissement des artères suite à l’accumulation de dépôts graisseux appelés « plaques d’athérome ». (7,8) Les plaques d’athérome peuvent se casser ou former des caillots qui vont alors obstruer les artères. L’excès de sucre favorise la formation de ces caillots. (8) Une artère obstruée par un caillot peut avoir des conséquences graves comme un infarctus du myocarde ou un accident cérébral vasculaire. (7)
Pour éviter au mieux ces complications, il est important de surveiller sa santé cardiovasculaire : tension artérielle, taux de cholestérol, hémoglobine glyquée, hygiène de vie (éviter la sédentarité, la consommation d’alcool et de tabac) notamment. (7)
Dysfonction érectile
La dysfonction érectile est l’incapacité à obtenir ou à maintenir une érection suffisante pour avoir une relation sexuelle satisfaisante. Le diabète est l’une des premières causes de dysfonction érectile. En effet cette maladie peut à la fois diminuer la production de testostérone, endommager les nerfs impliqués dans l’érection et contribuer à obstruer les artères du pénis. La dimension psychologique n’est pas non plus négligeable car le stress et les préoccupations liées à la maladie peuvent également altérer la sexualité. Les troubles de l’érection sont favorisés notamment par un mauvais contrôle du diabète de type 2, le tabagisme, l’hypertension ou un taux de cholestérol élevé. (9,10)
Pour prévenir au mieux les problèmes de dysfonction érectile, il est conseillé de maintenir un bon contrôle de la glycémie et d’adopter de bonnes habitudes de vie, comme arrêter de fumer, maintenir un poids de forme, pratiquer une activité physique, éviter l’abus d’alcool… En cas de dysfonction érectile, il est important d’en parler à son médecin car des solutions existent. (10)
Pied diabétique
Les personnes diabétiques ont les pieds plus fragiles, on parle de « pied diabétique » pour parler des complications liées au diabète et apparaissant au niveau des pieds. Cette fragilité est due à plusieurs facteurs :
- une mauvaise circulation du sang dans les artères des membres inférieurs : l’hyperglycémie prolongée fragilise la paroi des artères des jambes et des pieds, et favorise les dépôts de cholestérol. Le diamètre des artères est réduit et les pieds ne reçoivent plus assez de sang ce qui peut entrainer des douleurs et favoriser l’apparition de plaies. (11)
- une diminution de la sensibilité au niveau des pieds: en raison de la neuropathie, la douleur ne joue pas son rôle d’alerte, de sorte qu’un problème mineur au départ risque de s’aggraver parce qu’il n’est pas pris en compte, et des petites blessures peuvent passer inaperçues et s’infecter. (11) La peau des pieds a aussi tendance à se fragiliser, ce qui favorise l’apparition de plaies parfois très profondes (mal perforant plantaire).
- une déformation des pieds : la neuropathie qui entraîne diminution de la sensibilité va également affecter les appuis lors de la marche : petit à petit des déformations peuvent apparaître au niveau des orteils et du pied, ce qui augmente le risque de frottements, d’ampoules et donc de plaies. (11)
Dans les cas les plus graves, les plaies du pied peuvent s’étendre, s’aggraver et s’infecter, conduisant parfois à une hospitalisation voire à une amputation. Pour se prémunir de cela, il est nécessaire d’examiner chaque jour ses pieds lorsque l’on est diabétique, en s’aidant d’un miroir ou en demandant l’aide d’un proche si besoin, et d’agir vite si l’on s’aperçoit d’une plaie même bénigne. (11)
Dépression
Le risque d’être dépressif est deux fois plus élevé chez les diabétiques de type 2 que chez les personnes qui n’ont pas de diabète. La présence d’une dépression peut aggraver la maladie : une personne qui est diabétique et dépressive sera moins attentive au suivi et au traitement du diabète : mesure de la glycémie, lutte contre l’excès de poids, pratique régulière d’un activité physique… Elle sera également moins vigilante face aux signes précurseurs des complications du diabète. (12,13)
Une souffrance psychologique menant à une dépression peut apparaître à différents moments de la maladie : dès le diagnostic, lors de l’apparition d’un handicap ou de douleurs, lors du passage à un traitement par insuline ou lorsque des complications apparaissent. (12)
Cependant, la dépression n’est pas une fatalité : des solutions existent, c’est pour cela qu’il est important d’en discuter avec le médecin. Enfin, il peut être utile d’échanger avec d’autres patients diabétiques, via par exemple des associations locales. (12)
Références