Diagnostic, évolution et prise en charge

Diagnostic du rhumatisme psoriasique

Diagnostic clinique

Le dermatologue et le rhumatologue sont les deux spécialistes les plus à même d’intervenir dans le diagnostic clinique du rhumatisme psoriasique.
• Le dermatologue doit systématiquement envisager un rhumatisme psoriasique chez un patient présentant des lésions cutanées de psoriasis et l’interroger sur l’existence d’éventuelles douleurs articulaires, tendineuses ou rachidiennes, d’atteintes extra-articulaires, ou d’éventuels antécédents familiaux de rhumatisme psoriasique. Au moindre doute, il devra adresser son patient à un rhumatologue.
• Lorsque le psoriasis cutané n’est pas connu du patient car peu visible, le rhumatologue est généralement consulté directement pour les douleurs articulaires. Ce dernier doit réaliser un examen clinique complet visant notamment à :
  • Évaluer l’étendue de l’atteinte articulaire en dénombrant le nombre d’articulations douloureuses et gonflées ;
  • Rechercher et dénombrer d’éventuelles dactylites ou enthésites ;
  • Rechercher et quantifier d’éventuels signes rachidiens ;
  • Examiner la peau et les ongles à la recherche de lésions de psoriasis ;
  • Déterminer l’évaluation globale de la maladie par le patient grâce à une échelle d’évaluation de la douleur ou des questionnaires d’évaluation ;
  • Rechercher d’éventuels signes de manifestations extra-articulaires ;
  • Rechercher d’éventuels antécédents familiaux de psoriasis.

Diagnostic radiologique

L’imagerie médicale complète l’examen clinique dans le diagnostic de rhumatisme psoriasique.

Les radiographies des zones douloureuses (mains, pieds, bassin ou colonne vertébrale) permettent de rechercher les conséquences ostéo-articulaires de l’inflammation chronique et d’écarter d’autres types de rhumatismes¹. Elles sont généralement normales dans les formes récentes de rhumatisme psoriasique². Elles peuvent montrer, habituellement après plusieurs mois ou années d’évolution, des signes de destructions ostéo-articulaires (érosions, ostéolyses) et de constructions osseuses (syndesmophytes), qui ne concernent heureusement que les formes sévères de rhumatisme psoriasique, notamment en l’absence d’un traitement adapté.

L’échographie ou l’IRM peuvent aussi compléter l’examen clinique à la recherche de signes de dactylites ou d’enthésites ³.

Diagnostic biologique

Dans le rhumatisme psoriasique, une prise de sang permet de rechercher une augmentation de la vitesse de sédimentation (VS) et de la protéine C réactive (CRP), traduisant l’existence d’un syndrome inflammatoire biologique, plus fréquemment observé dans les formes sévères de rhumatisme psoriasique.

Contrairement à un autre rhumatisme inflammatoire, la polyarthrite rhumatoïde, caractérisée par la présence de facteurs rhumatoïdes et d’anticorps anti-peptides citrullinés, il n’existe pas de marqueur immunologique permettant de conforter le diagnostic de rhumatisme psoriasique.

Évolution et complications de la maladie

Le rhumatisme psoriasique évolue habituellement sur plusieurs années, alternant poussées inflammatoires et périodes de rémission.

Les douleurs et les gonflements articulaires occasionnés par les poussées sont réversibles. Les destructions et les déformations articulaires, caractéristiques des formes sévères de la maladie, sont irréversibles. Elles peuvent occasionner une incapacité fonctionnelle, source de handicap dans la vie personnelle et professionnelle^4,5.

Au même titre que les destructions articulaires, la présence de manifestations extra-articulaires, telles qu’un psoriasis étendu, une uvéite, une maladie inflammatoire chronique de l’intestin ou une maladie cardiovasculaire, sont des marqueurs des formes sévères de rhumatisme psoriasique.

Les traitements de fond du rhumatisme psoriasique ont à la fois pour objectifs de contrôler les symptômes articulaires, de prévenir les destructions articulaires, de prendre en charge le psoriasis et les autres manifestations extra-articulaires et de préserver la qualité de vie des patients.

Prise en charge multidisciplinaire

La prise en charge du rhumatisme psoriasique repose sur un diagnostic aussi précoce que possible, débouchant sur la mise en route d’un traitement adapté.

Elle nécessite une prise en charge multidisciplinaire, impliquant en concertation avec le médecin généraliste :
• Un rhumatologue, qui coordonne la prise en charge ;
• Un dermatologue, qui gère les traitements avec le rhumatologue, notamment chez les patients ayant un psoriasis étendu ou sévère ;
• Un kinésithérapeute, et/ou un médecin de rééducation et/ou ergothérapeute pour la rééducation ;
• Une infirmière pour les injections éventuelles ;
• D’autres spécialistes peuvent être utiles, en cas de manifestations extra-articulaires : un ophtalmologue en cas de suspicion d’uvéite ; un gastro-entérologue en cas de suspicion de maladie inflammatoire chronique de l’intestin ; un cardiologue en cas de maladie cardiovasculaire.